Résumé:
La joie et la douleur : dès le premier de ses huit
romans, Georges Bernanos a mis en scène les
modalités les plus radicales de la condition humaine.
C'est ce qui a stupéfié les lecteurs de 1926, c'est
ce qui stupéfait ceux d'aujourd'hui. Il est impossible
de lire Sous le soleil de Satan sans voir immédiatement
que l'écriture de ce livre enveloppé de
ténèbres procéda à la fois d'une
nécessité intime, d'une aventure intérieure et
d'hallucinations familières sans trucages, sans
tricheries et sans les artifices narratifs qu'une pratique
soutenue du métier littéraire permet de
maîtriser à la longue. Ouvrons ce roman comme si
l'encre bleue du jeune écrivain de 1926 et ses
calligraphies appliquées sur ses petits cahiers
d'écolier n'avaient pas encore séché. Et
laissons nous hanter par ce grondement sourd, ce lyrisme
intérieur, cette extraordinaire puissance imaginative.
On tient là mieux qu'un style : une voix. C'est
évidemment cette voix qui stupéfia les premiers
lecteurs de Sous le soleil de Satan. Georges Bernanos (1888-1948), homme de foi et de passion,
anticonformiste et polémiste, débute dans le
journalisme. Après avoir survécu aux tranchées
de 1914-18, il devient inspecteur d'assurances. Son premier
roman, Sous le soleil de Satan, publié en mars 1926 (il
a alors 38 ans), remporte un succès considérable
qui le convainc de se consacrer exclusivement à
l'écriture. S'attaquant au conformisme bourgeois, le
romancier du " réalisme surnaturel " et des conflits
intérieurs est surtout l'ennemi de toutes les
lâchetés qui diminuent l'homme et de toutes les
tyrannies qui l'écrasent. Bernanos s'installe aux
Baléares en 1934, où il écrit son second
chef-d'Ĺ“uvre, Journal d'un curé de campagne.
Lorsque la guerre civile espagnole éclate, écrivain
témoin de son temps, il ne tarde pas à prendre le
parti des victimes dans le violent pamphlet antifranquiste
Les Grands Cimetières sous la lune (1938). Fidèle
à un rêve d'enfance, il quitte la France pour le
Paraguay, puis le Brésil, alors que montent les
fascismes en Europe. Il y passera la guerre, défendant
sans cesse la cause de son pays déchiré et devenant
l'un des grands animateurs spirituels de la Résistance
française. De retour en France en juillet 1945, Bernanos
meurt trois ans plus tard. Lui qui avait tant
médité sur la mort s'éteint en murmurant : "
À nous deux maintenant. " Son oeuvre romanesque est
constamment rééditée depuis.Présentation de l'éditeur
Biographie de l'auteur